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Introduction



La collection Jacob M. Lowy

La Bible hébraïque est l'oeuvre littéraire fondamentale de la civilisation occidentale. Les poètes et les érudits non juifs, de Jérome à Thomas d'Aquin, de Racine à Sartre, ou de Milton à Joyce, ont étudié des textes hébraïques émanant de l'Israël antique et cultivés par le peuple juif pendant des millénaires. Des experts en littérature, juifs ou gentils, recherchent et rassemblent des oeuvres hébraïques; celles-ci sont reconnues depuis des siècles comme étant la pierre angulaire et le couronnement de collections générales des grandes bibliothèques du monde occidental. Les grandes bibliothèques nationales et universitaires d'Europe et d'Amérique du Nord acquièrent souvent des collections particulières d'ouvrages hébraïques afin d'enrichir leurs propres collections hébraïques et judaïques. Parmi les bibliothèques qui ont acquis de telles collections, l'on compte le British Museum, la Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, la Bibliothèque nationale de Paris, la Bibliothèque royale de Copenhague, la Bibliothèque d'état de Lêningrad, l'Académie des sciences de la Hongrie à Budapest, la Bibliothèque nationale et universitaire à Jérusalem, la Library of Congress à Washington, la New York Public Library et les bibliothèques des universités Harvard, Columbia et Yale.

Conformément à cette tradition, la Bibliothèque nationale du Canada a eu l'honneur de recevoir, à titre de don à la Couronne, à l'usage du gouvernement et du peuple canadien, l'une des trois plus remarquables collections particulières d'ouvrages rare hébraïques et judaïques et aussi l'une des collections les plus prestigieuses d'incunables hébraïques de l'Occident. Cette collection de renommée internationale fut offerte à la Bibliothèque nationale du Canada en 1977, par M. Jacob M. Lowy, industriel, philanthrope et bibliophile de Montréal (Québec). M. Lowy, né à Bardejov (Slovaquie) avant la chute de l'Empire austro-hongrois, fit sa première acquisition à l'âge de douze ans, lorsqu'il reçut, du directeur du collège rabbinique de Bardejov, un livre de questions et de réponses sur des sujets talmudiques. L'exemplaire dédicacé de ce livre, perdu au cours des soulèvements du XXe siècle, fut retrouvé et remis à M. Lowy plus de trente and plus tard. Le père de M. Lowy, Raphael Löwy, éminent personnage de la communauté juive de Bardejov, resta en Tchécoslovaquie après l'occupation allemande. Ses efforts visant à protéger les enfants juifs de la déportation vers les camps de concentration nazis sont bien connus. Il devait mourir plus tard à Auschwitz avec d'autres membres de sa famille.

Devenu un érudit du domaine et bien versé dans la littérature rabbinique, M. Lowy collectionnait, avant la Deuxième Guerre mondiale, les premières éditions d'oeuvres littéraires hébraïques modernes publiées en Europe centrale et orientale. Après sa fuite en Angleterre comme réfugié en 1938, et tout au cours de sa carrière au Canada depuis 1951, M. Lowy a collectionné des premières éditions rares d'oeuvres hébraïques rabbiniques, anciennes et médiévales, de la Bible ainsi que de la littérature judaïque choisie, en d'autres langues. La collection Jacob M. Lowy, fruit de près de cinquante années de méticuleuses acquisitions, et dont le contenu est évalué à plusieurs millions de dollars, constitue le don le plus précieux qu'ait jamais reçu la Bibliothèque nationale du Canada et représente la partie la plus importante des collections hébraïques et judaïques de la Bibliothèque.

L'envergure de la collection

Les fonds de la collection Jacob M. Lowy, oeuvres hébraïques et judaïques rares portant sur une période de plus de cinq siècles, comptent plus de quarante volumes d'incunables hébreux et latins, plus de cent éditions anciennes et rares de la Bible en plusieurs langues, et de nombreuses éditions et traductions des oeuvres de Flavius Josèphe, historien juif de l'Antiquité. Le reste de la collection, soit la majorité, contient des ouvrages hébraïques rares du XVIe au XIXe siècle, englobant tous les aspects de la littérature rabbinique et hébraïque publiée au cours de cette période; les deux tiers de ces oeuvres sont des premières éditions et des textes extrêmement rares. Toute l'envergure géographique et intellectuelle de l'art de l'impression y est représentée, incluant les premières impressions hébraïques d'Italie, d'Espagne, du Portugal, des Balkans, d'Afrique du Nord, de Palestine, d'Orient et d'Amérique du Nord, de même que des exemples notables d'hébraïsme chrétien, d'humanisme de la Renaissance et d'érudition classiques d'Europe occidentale. La collection renferme près d'un quart de tous les livres hébraïques imprimés pendant le XVIe siècle, notamment les productions des grands imprimeurs de la Renaissance: Estienne à Paris, Plantin à Anvers, et Froben à Bâle. Par ailleurs, la collection est particulièrement riche en oeuvres exécutées chez des imprimeurs vénitiens hébraïques, notamment la première édition du Talmud babylonien imprimée par Bomberg, l'un des rares séries presque complètes au monde, ainsi que la première édition du Talmud de Jérusalem.

Outre la littérature talmudique et midrashique, la collection contient également quelques-unes des premières éditions des codes de lois rituelles et des centaines de volumes de responsa, des commentaires bibliques et des travaux philosophiques et mystiques, des ouvrages hébraïques médiévaux et post-médiévaux sur la médecine, les mathématiques et les sciences, des oeuvres d'historiens et de philologues, de la poésie et des belles-lettres hébraïques médiévales, des ouvrages de liturgie et des éditions illustrées de la Haggadah de Pâque, des ouvrages provenant de toutes les régions du monde sefarade et des textes littéraires de la secte caraïte anti-rabbinique, de la littérature rabbinique générale publiée entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, incluant des textes hébraïques d'Europe centrale et orientale, quelques travaux hassidiques, des ouvrages anciens et rares dans le domaine de la bibliographie hébraïque, ainsi que des manuscrits hébraïques. En fait, si l'un des ouvrages d'un auteur en particulier ne se trouve pas dans la collection, un autre y est certainement; si la collection ne contient aucun des travaux de cet auteur, on y trouve au moins un texte dans lequel apparaît son approbation, celle de son maître ou de son élève. Cela rappelle la phrase de l'ancien sage talmudique : "Examinez attentivement les textes : vous y trouverez tout ce que vous cherchez!"

L'exposition

Incunabula, Hebraica & Judaica, une exposition d'importance de la collection Lowy, regroupe des incunables au sens large du mot, c'est-à-dire "au berceau". Cette exposition comprend les livres du commencement de l'impression hébraïque; non seulement les incunables classiques imprimés au cours du XVe siècle, mais également d'autres premières productions et meilleurs exemples de la typographie hébraïque de par le monde et portant sur cinq siècles. Bien qu'il ne s'agisse essentiellement que d'une exposition d'imprimés hébraïques, celle-ci contient également un certain nombre d'ouvrages judaïques rares, de la période des incunables jusqu'au siècle présent, ainsi que certains manuscrits hébraïques provenant des quatre coins du monde juif. Certains livres imprimés de l'exposition ont été tirés des fonds généraux de la Division des livres rares et des manuscrits, et quelques manuscrits orientaux ont été tirés de la collection Saul Hayes de manuscrits hébraïques, collection qui se situe dans la salle Lowy.

Le plus ancien livre hébraïque de l'exposition, qui est d'ailleurs l'un des plus anciens qui soient, est le code de lois rituelles de Maïmonide, Mishneh Torah, dont l'impression commença aux environs de 1474 à Rome, vraisemblablement la première ville au monde à faire de l'impression hébraïque. L'imprimé le plus récent de l'exposition est un ouvrage hébraïque canadien très peu connu, publié il y a quarante ans à Ottawa. L'ouverture de l'exposition en 1981 coïncide avec le cinq-centième anniversaire de la publication de deux des plus importants incunables de la collection Lowy, l'un en hébreu et l'autre en latin. Le premier est un simple feuillet d'une édition du Tur Yoreh De'ah, qui fait partie du code de Jacob b. Asher, imprimé à Guadalajara, aux environs de 1481-1482; jusqu'à tout récemment, l'on croyait que ce feuillet particulier imprimé en Espagne avant l'expulsion des Juifs, était le seul fragment existant de cette édition. Le second incunable fait partie d'une édition finement enluminée de la Bible avec les Postillae perpetuae de Nicolas de Lyre, publié à Venise en 1481. Une édition de cette oeuvre fut le premier commentaire chrétien imprimé de la Bible; elle est d'un grand intérêt juif car elle cite en détail les commentaires médiévaux de Rashi de Troyes. Parmi les autres incunables non hébraïques, l'on compte d'abord l'édition princeps de l'oeuvre de Flavius Josèphe imprimée à Augsbourg (Allemagne) en 1470, soit le plus vieux livre de la collection de la Bibliothèque nationale du Canada, et ensuite la première édition italienne publiée à Florence en 1493, soit le plus vieux livre de la Bibliothèque dans n'importe quelle langue vernaculaire d'Europe. En tout, l'exposition présente trente titres d'incunables distincts, dont vingt-trois titres, en plus de vingt-cinq volumes, sont en hébreu.

Le contenu de l'exposition a été soigneusement choisi afin de refléter la diversité intellectuelle et géographique des fonds de la collection Lowy ainsi que l'histoire de l'imprimerie hébraïque. Dans un sens, les dix-huit catégories thématiques de cette exposition sont arbitraires. Il n'y a souvent qu'une très mince différence entre une ancienne version biblique et un commentaire médiéval, entre la philosophie et la science ou la philosophie et la mystique, (ou encore entre la mystique et la pseudo-science), ou encore entre des responsa en temps de guerre et un traité historique. Toutefois, ces catégories sont là pour souligner la richesse et la force de la collection Lowy dans tous les domaines de la littérature hébraïque et judaïque, au-delà des domaines purement théologiques et rabbiniques, et ce, au cours des cinq premiers siècles de l'imprimerie. Bien que l'exposition commence avec Incunabula, Hebraica, des incunables hébreux et latins ont été dispersés à travers les différentes sections de l'exposition; il n'en demeure pas moins que le développement de l'art de l'imprimerie y est exposé d'une certaine mesure dans l'ordre chronologique.

La Bible est la première oeuvre de l'histoire de l'imprimerie; c'est aussi la plus importante car il s'agit du livre le plus répandu de tous les temps et de la tradition intellectuelle commune du monde occidental. On présente à l'exposition une édition hébraïque restaurée du Pentateuque imprimée au Portugal durant la période des incunables, une grande édition de la traduction de Martin Luther (faite à partir d'un incunable hébreu) inaugurant la Réforme et renouvelant la langue allemande, la dernière et meilleure des Bibles polyglottes, imprimée à Londres au XVIIe siècle de même qu'une édition du Nouveau Testament en syriaque avec la traduction latine d'un juif apostat. On y trouve également les deux tirages de la Version autorisée de la Bible anglaise, commandée par le roi Jacques 1er, distingués l'un de l'autre par les titres "Great He Bible" et "Great She Bible", à la suite d'une erreur de pronom dans les textes. L'un des documents les plus remarquables est un parchemin enluminé du Livre d'Esther dans une boîte en argent, écrit en Europe occidentale environ au tournant du XXe siècle, et qui fait partie d'une tradition manuscrite qui ne s'est point terminée avec l'invention des caractères mobiles.

Les us et coutumes juifs de la tradition classique sont incontestables dans cette exposition; on les retrouve dans les premières éditions et les traductions des histoires de Flavius Josèphe et l'édition princeps en grec de l'oeuvre du philosophe hellénistique Philon, dans une traduction hébraïque médiévale d'une Epistola Ethica pseudo-aristotélicienne et dans une édition incunable de la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin, dont les preuves invoquées de l'existence de Dieu sont tirées de Maïmonide, ainsi que dans la première édition de l'Opera Posthuma de Spinoza contenant l'Éthique et sa grammaire hébraïque en latin. En plus des volumes hébraïques imprimés sur la philosophie rationnelle et la logique par des auteurs allant de Maïmonide à Mendelssohn, on trouve également des premières éditions d'ouvrages de base de la mystique juive, soit le Zohar et le Livre de la création.

L'importance de Venise en tant que centre de publication d'oeuvres hébraïques est indiscutable de par le grand nombre de livres provenant de cette ville et exposés ici. D'ailleurs, Venise est le centre d'impression hébraïque le mieux représenté dans cette exposition. De plus, l'on retrouve des livres de chaque continent et de chaque grand centre d'impression hébraïque, depuis l'un des premiers livres hébraïques imprimé en Inde et le premier livre de prières juif imprimé à Jérusalem, jusqu'à un commentaire sur les "Maximes des pères" publié à New York en 1860, premier livre hébraïque original imprimé sur le continent américain. Parmi les ouvrages des imprimeurs de la Renaissance, on note particulièrement la grammaire d'un hébraïsant chrétien, publiée à Bâle en 1524, contenant en autres, le plus ancien texte musical imprimé de la Bibliothèque nationale du Canada. Outre les produits hébraïques de la Renaissance et de l'Occident chrétien, depuis une version médiévale hébraïque des fables de Marie de France jusqu'à des traités algébriques-trigonométriques-astronomiques d'un disciple juif de Galilée, l'on retrouve également des exemples de l'influence du monde arabe et de toutes les régions d'Orient sur le développement du livre hébreu. Dans cette dernière catégorie figurent des raretés telles que la seule édition imprimée de la traduction hébraïque du Canon de la médecine, incunable napolitain, du médecin musulman Avicenne, une version hébraïque d'une fable d'origine hindoue relatant l'enfance de Bouddha, des échantillons de textes exotiques hébraïques de Bagdad et de Calcutta ainsi que le manuscrit d'une épopée judéo-persane écrite dans l'un des khanats de l'Asie centrale soviétique, appelé aujourd'hui Ouzbékistan.

Enfin, sans compter les nombreux aspects de la littérature rabbinique et hébraïque, tant religieux que séculiers, que cette exposition explore, il convient de noter deux domaines particuliers. Tout d'abord, les diverses langues juives qui se sont développées parmi les différentes communautés éloignées de la Diaspora sont généralement un aspect ignoré de l'histoire de la créativité littéraire juive et de la littérature hébraïque imprimée. L'histoire de leurs traditions, tant imprimée que manuscrite, n'a jamais encore été rédigée. Cependant, cette exposition présente ce qui est peut-être le plus grand nombre de ces langues jamais rassemblées sous un même toit, dans des livres et des manuscrits contenant des textes ou des gloses en dix langues juives différentes, du ladino de Venise, au tatar caraïte de Crimée. Ce sont des versions bibliques et des commentaires, des glossaires vernaculaires dans les codes légaux, des traductions liturgiques, des ouvrages d'histoire et de philologie, de poésies et de fables, aussi variés que la littérature hébraïque elle-même. Dans le domaine des langues juives, certains des mots et des phrases les plus anciens de la langue tchèque, transcrits en caractères hébreux, se retrouvent assez curieusement dans un ouvrage rabbinique rédigé en Bohème médiévale et imprimé la première fois en Ukraine il y a cent ans. Il s'agit là d'un exemple parmi plusieurs ouvrages hébraïques tchèques de l'exposition. De divers ouvrages en yiddish, langue juive la plus répandue, on retrouve un livre rare de poésie publié au XXe siècle dans la capitale du Canada, pays reconnu comme étant un refuge et un foyer de littérature et de publication yiddish.

Les nombreux ouvrages d'origine sefarade de l'exposition sont tout aussi importants. En effet, plus de cinq différentes éditions de divers ouvrages de Maïmonide sont exposés, dont deux incunables. On trouve également plusieurs incunables complets et des fragments d'ouvrages uniques en leur genre publiés en Espagne et au Portugal avant l'expulsion des Juifs; ils proviennent directement de la culture sefarade et sont d'un intérêt véritable. Parmi ces documents, l'on voit les deux premiers livres imprimés à Lisbonne, l'un étant une copie intégrale de la première édition du commentaire d'Abudarham sur la liturgie de la synagogue, publié en 1489; l'autre, un feuillet d'une Bible hébraïque, fut imprimé sur parchemin dans la ville espagnole de Híjar, un an avant le décret d'expulsion des Juifs en 1492, relique touchante de l'âge d'or de la culture juive espagnole, aujourd'hui si éloignée. La créativité subséquente de toute la Diaspora sefarade est exposée, depuis des travaux publiés par Menasseh Ben Israël en Hollande, des manuscrits et livres imprimés provenant d'un peu partout en Afrique du Nord, jusqu'aux volumes en hébreu et en djudezmo (judéo-espagnol) publiés dans l'Empire ottoman où, comme au Portugal, en Afrique du Nord et dans certaines parties de l'Orient, les Juifs ont introduit l'art de l'impression. L'histoire d'une accusation de meurtre rituel à Damas est racontée dans l'un des deux livres rédigés par le chef rabbin Palaggi, d'Izmir, l'écrivain sefarade le plus prolifique du XIXe siècle, dont la plupart des ouvrages imprimés font partie de la collection Lowy. Un autre ouvrage des premiers temps de la communauté sefarade à Montréal, l'une des plus anciennes et des plus actives communautés du genre en Amérique du Nord, est un livre de prières rédigé en 1878 par le ministre de la congrégation portugaise, l'un des cinq rares ouvrages canadiens contenus dans cette exposition. Des livres et des manuscrits judéo-arabes du XIXe siècle, de Bombay et de Shanghai, représentent également la culture des Juifs orientaux.

Cette exposition retrace le cours de l'histoire intellectuelle et sociale juive et nous raconte encore plus en détails l'histoire du livre juif: les débuts de l'imprimerie hébraïque et le développement de la typographie hébraïque répartis sur quatre continents, l'utilisation de caractères hébreux dans des livres non hébreux ou l'utilisation de ces caractères pour des langues autres que l'hébreu, les livres latins étudiés et traduits par des Juifs, les livres hébreux imprimés à l'intention des chrétiens de même que ceux que les caraïtes imprimèrent ou que les marranes financèrent, tous ces ouvrages figurent dans l'exposition Incunabula, Hebraica & Judaica. De plus, l'histoire des propriétaires et des collectionneurs de ces ouvrages, du XVe siècle à nos jours, est racontée en même temps que celle de leurs auteurs et de leurs éditeurs. D'autres témoignages des persécutions juives des siècles passés sont fournis dans les fragments d'incunables espagnols qui ont presque été perdus à tout jamais pour les bibliographes, ainsi que les pages d'un commentaire biblique hébraïque censuré au cours de l'Inquisition, et dont l'encre destructive a commencé à s'effacer après presque cinq cents ans. Un ancien volume de responsa, confisqué par les nazis et marqué d'une croix gammée, témoigne d'une expérience des temps modernes vécue par le collectionneur lui-même. Ces livres, tranches de la vie juive et notices de l'histoire bibliographique du peuple juif, font tous partie de la collection Jacob M. Lowy, présentée ici au public comme aux érudits.

La salle Lowy

La collection Jacob M. Lowy occupe en permanence une salle particulière du premier étage de la Bibliothèque nationale du Canada, au même endroit que la collection Saul Hayes de manuscrits et de microformes hébraïques, elle est complétée par une collection d'usuels, d'ouvrages bibliographiques hébraïques et judaïques. La salle Lowy est dotée d'un dispositif de réglage de la température et de l'humidité nécessaire à la conservation de livres rares et de manuscrits. Elle est ouverte aux chercheurs du lundi au vendredi, de 9h00 à 17h00. Des visites guidées peuvent avoir lieu en prenant au préalable les dispositions nécessaires avec le conservateur.

La collection Lowy est non seulement un des grands dépôts d'anciens livres juifs, mais aussi une source importante de documentation qui facilitera la recherche approfondie dans les différents domaines des études juives, rabbiniques et non rabbiniques, bibliques et liturgiques, historiques et linguistiques, littéraires et scientifiques. Il est à espérer que l'exposition Incunabula, Hebraica & Judaica et le catalogue qui l'accompagne sauront susciter chez les membres de la communauté savante juive et non juive, au Canada comme à l'étranger, un vif intérêt à l'égard des documents de la collection Lowy, et d'autres collections et ressources hébraïques et judaïques, y compris les documents juifs canadiens de la Bibliothèque nationale du Canada.

Le catalogue

Bien que la publication du présent catalogue coïncide avec l'ouverture de l'exposition Incunabula, Hebraica & Judaica, il est souhaitable qu'il soit d'un intérêt durable. La série d'index peut servir de guide complet aux premières éditions, aux livres rares ainsi qu'aux curiosités du XVe au XIXe siècle, inclus dans la collection Lowy, et exposés ici. On peut y retrouver les 150 articles classés par dates, lieux, langues, auteurs et titres (en hébreu ou en d'autres langues), de même qu'un répertoire des manuscrits classés par pays d'origine. En outre, les incunables h�breux et latins actuellement conserv�s dans la collection Lowy sont accessibles par auteurs, imprimeurs, lieux et dates d'impression �num�r�s dans un catalogue distinct inclus � la fin, comme appendice. Ce catalogue contient donc la premi�re pr�sentation dans ses grandes lignes de la collection Lowy depuis que la Biblioth�que nationale du Canada l'a acquise.

La description bibliographique

Par ailleurs, il est nécessaire de faire certaines remarques au sujet du style des notices bibliographiques, dont la présentation a été arbitrairement modifiée en raison de la nature du catalogue de l'exposition. La forme et l'orthographe des noms propres, de certains termes et titres hébraïques, etc., sont conformes à l'usage contemporain et suivent généralement la forme établie dans l'Encyclopaedia Judaica (Jérusalem, 1972), laquelle varie à l'occasion, des normes bibliographiques établies. Toutefois, la romanisation des titres hébreux suit, malgré quelques modifications mineures, le processus de translittération couramment employé par la Library of Congress. Avec quelques exceptions, seul le titre abrégé a été fourni, qu'il soit en hébreu ou en d'autres langues, et les points de suspension ont généralement été éliminés. Les titres bilingues (hébreu et latin, grec et latin, etc.) ont été fournis plus ou moins selon la présentation des catalogues des titres abrégés du British Museum (maintenant la British Library). Les notes descriptives ont été rédigées avec un soin particulier afin d'indiquer, dans la mesure du possible, la priorité bibliographique accordée aux articles exposés.


Brad Sabin Hill
Ottawa, 1981

Divulgation proactive