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Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada
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LE BALLET*

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1.   Dans la pratique des arts au Canada, le ballet est un nouveau venu. Ceci ne l'a pas empêché de faire, en une dizaine d'années, des progrès extraordinaires. Notre expérience en ce domaine a été celle de la Grande-Bretagne. Nous avons appris, en effet, à notre étonnement, que le ballet classique, qu'on a cru si longtemps propre à la Russie, à l'Italie ou à la France, pouvait s'épanouir sous d'autres cieux. En même temps que d'autres peuples de langue anglaise, nous commençons, non sans en concevoir encore une certaine gêne, à mesurer la fausseté du dicton qui veut que «  l'homme sobre ne danse jamais », sur lequel nous avons, pendant si longtemps, fondé notre point de vue au sujet de cet art. En 1939, on trouvait au Canada, trois corps de ballet. Aujourd'hui, on en compte au moins vingt, d'Halifax à Vancouver. Au mois de novembre 1950, au troisième Festival du ballet canadien, tenu à Montréal, quinze compagnies canadiennes ont présenté vingt-trois ballets canadiens originaux. Les décors, et, en partie du moins, la musique, étaient l'œuvre d'artistes canadiens. Ceux-ci sont donc à même de se rendre compte que chez nous comme ailleurs, le ballet fait bon ménage avec la musique et l'art contemporains. Nous n'avons sans doute pas été les seuls à nous étonner de la popularité du ballet au Canada. Alors que nous écrivons ces lignes, en janvier 1951, nous lisons dans les journaux qu'à Toronto on a reçu par la poste 80,000 demandes de billets pour les spectacles de la troupe Sadler's Wells, soit sept ou huit fois plus que le nombre de places disponibles à toutes les représentations. Un enthousiasme identique s'est manifesté l'an dernier à Montréal lors de la venue des «  Ballets de Paris ».

2.   L'Association canadienne des festivals de ballet nous a présenté un mémoire plein des renseignements les plus utiles. Nous en extrayons le passage suivant:

« Ce sont des danseurs européens qui ont été les pionniers du ballet au Canada. Ils ont apporté au nouveau monde l'expérience et la culture de l'ancien. Les Canadiens se sont joints à eux, les ont appuyés, de sorte qu'aujourd'hui des traditions bien éprouvées, associées à la jeune vigueur du Canada, donnent naissance à une forme de danse proprement canadienne.
Parmi ces pionniers figure Boris Volkoff, ancien élève de l'École de ballet de l'État à Moscou, qui, avant d'ouvrir son école à Toronto en 1930, avait acquis une expérience mondiale. En 1936, les danseurs Volkoff représentaient le Canada aux jeux olympiques, tenus cette année-là en Allemagne. Deux ans plus tard, les Ballets

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canadiens de Volkoff étaient fondés. Cette compagnie tient depuis lors une des toutes premières places dans la vie chorégraphique du pays. Il faut aussi nommer, parmi ces pionniers, Mlle Gweneth Lloyd diplômée de la Royal Academy de Londres... Bientôt Mlle Lloyd fondait un Ballet club destiné à stimuler l'intérêt à l'endroit de la danse dans sa ville adoptive. De là est issu le Winnipeg Ballet, dont la première représentation publique avait lieu en 1939 devant le roi et la reine, en tant que partie du « pageant » , de la ville de Winnipeg. Depuis, cette troupe a réalisé de rapides progrès. C'est aujourd'hui la première compagnie professionnelle du Canada » (1).

3.   En 1939, on créait à London (Ont.) une compagnie de ballets associée, pour ses spectacles, au London Civic Symphony Orchestra. Disparue pendant la guerre, cette troupe s'est reconstituée en 1947. Plus récemment, d'autres troupes sont apparues à Hamilton, Toronto, Montréal, Vancouver et Ottawa. L'école de ballet du conservatoire de musique d'Halifax, fondée par deux excellents danseurs lettons, a suscité un grand intérêt dans les provinces Maritimes, où elle a mérité les suffrages d'un vaste public. On nous a dit aussi que de nouvelles troupes de ballet sont en voie de formation à Regina, Calgary et Edmonton.

4.   Grâce à l'initiative du Winnipeg Ballet Group, le premier Festival canadien de ballet s'est tenu dans cette ville en 1948. Outre les troupes locales, cette manifestation réunissait des compagnies de Toronto et de Montréal. Le deuxième Festival, tenu à Toronto en mars 1949, présentait onze troupes dans vingt et un ballets, dont la plupart étaient dansés sur de la musique de compositeurs canadiens. Ce Festival a connu le plus vif succès populaire et artistique. Grâce, en outre, au concours efficace de Radio-Canada et de l'Office national du film, il a suscité le plus grand intérêt d'un bout à l'autre du pays. L'Association des festivals souhaite que cet éveil de l'intérêt contribue à donner à nos danseurs l'occasion de faire de la pratique de leur art, au Canada, une véritable carrière qui leur permette de gagner leur vie. C'est là un objectif souhaitable qu'on n'a pas encore atteint.

5.   Des personnes compétentes nous assurent qu'il n'y a pas chez nous d'obstacle infranchissable qui empêche le progrès de l'art du ballet sur le plan national, que rien non plus ne l'empêche d'arriver à un point de perfection artistique digne de tout ce qui peut se faire ailleurs dans le monde. On nous a même dit que la ville de Winnipeg, à cet égard, était particulièrement favorisée, du fait de la haute tenue de sa vie musicale et de la présence de milliers de personnes originaires des pays slaves ou de l'Europe centrale, pour qui la danse constitue un mode naturel et habituel d'expression. À Halifax aussi, on nous a dit que les jeunes Canadiens sont loin d'être dépourvus de dons ou de bonne volonté et que, pour peu qu'on leur donne de bons professeurs, il n'y a pas de raison pour que le Canada ne possède pas un jour un ballet national comparable à la troupe Sadler's Wells, qui,

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partie de rien ou peu s'en faut, en est arrivée, en vingt ans, au tout premier rang des troupes de réputation mondiale. Pour qu'on parvienne à ce résultat en Grande-Bretagne, toutefois, il a fallu réaliser ces trois conditions : l'appui d'un public nombreux et fidèle, un entraînement sévère sous la direction de maîtres d'un art reconnu (on dit du ballet ce qu'on dit de la chirurgie; qu'il n'y a point de place pour des amateurs), et enfin l'apport d'une aide financière quelconque. Il en va, en effet, du ballet comme de l'opéra : dans tous les pays il lui a fallu recourir à des subventions publiques ou privées.

6.   On nous a laissé entendre que les progrès du ballet au Canada se heurtent à des difficultés analogues à celles qui retardent la renaissance du théâtre, soit le manque de salles pour les répétitions ou les représentations, le coût élevé des déplacements dans notre immense pays, la rareté de maîtres expérimentés, l'absence d'une haute école, et la nécessité de doter nos jeunes artistes de bourses qui leur permettent de poursuivre, au Canada ou à l'étranger, les six années de formation absolument indispensables à celui qui veut faire de la danse une carrière. Pour défendre la cause du ballet au Canada, pour proposer des solutions au problème qui se pose à ces jeunes Canadiens bien doués dont, chaque année, le Festival national de ballet révèle le talent, mais qui ne peuvent trouver au Canada l'occasion de vivre de leur art, on a fait valoir des arguments à peu près semblables à ceux dont on s'est servi pour préconiser l'encouragement au théâtre sur le plan national. Il nous parait manifeste que, même si des groupements à caractère bénévole (notamment l'Association canadienne des festivals de ballet et nos rares écoles ou troupes bien établies) ont pu réaliser jusqu'ici d'eux seuls, une œuvre remarquable, il y aurait lieu de prendre des mesures appropriées et pratiques destinées à donner à des Canadiens bien doués les moyens de faire du ballet une véritable carrière au Canada même. On se trouverait à donner en même temps à nos artistes et à nos musiciens une occasion de plus d'exercer leurs talents créateurs.

*Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé.

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