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Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada
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Cette réflexion vient de ma conviction qu'en général les organisations privées peuvent produire plus économiquement que les organismes d'État. En outre, l'État est maintenant obligé de se lancer dans tant de nouvelles formes d'activité et de porter tant de nouveaux fardeaux qu'il est juste de proposer qu'il ne se lance dans la production commerciale que lorsque l'entreprise privée ne peut ni ne veut s'y aventurer. Deux des grands réseaux américains, le Columbia Broadcasting System et la National Broadcasting Company, ont récemment adopté la ligne de conduite exposée ci-dessus. Ils ont été portés à abandonner la production d'émissions commerciales, en partie à cause de la concurrence sans merci des agents d'artistes, qui ont entrepris eux-mêmes la production de programmes, et en partie à cause d'une décision de la F.C.C. M. Seldes explique ainsi cet état de choses : « Une nouvelle profession a pris naissance, celle de l'inventeur indépendant qui établit le plan d'une émission, engage des artistes, enregistre un échantillon ou deux, prépare un budget, puis offre le tout à n'importe quel acheteur. Les réseaux décontenancés se virent enlever la partie le plus intéressante de leurs affaires. Ils n'ont jamais cessé de vouloir créer des émissions et c'est pourquoi la National Broadcasting Company et le Columbia Broadcasting System avaient chacun une agence d'artistes jusqu'à ce que la F.C.C. mette en doute la correction de cet état de choses . Un résultat excellent de cette affaire, c'est que, ayant vendu leur droit d'aînesse de créateurs de divertissements, les réseaux, qui avaient du temps à remplir, ont consacré leur énergie à des émissions complémentaires » (14).

45.   La somme estimative de $14,200,000 est sûrement expansible et personne, sans doute, ne saurait établir une estimation digne de foi des besoins probables de Radio-Canada au cours des trois ou cinq prochaines années. Le remplacement de certaines émissions américaines par des émissions canadiennes, bien qu'à désirer, sera difficile et coûteux. Les artistes radiophoniques sont rares au Canada, surtout aux cachets offerts, parce que nous ne possédons pas, comme aux États-Unis, les postes éducatifs relevant des collèges et des universités, ni ce qu'on appelle les « ateliers radiophoniques » que les écoles secondaires ou les collèges établissent à ces fins :

a) former les étudiants en vue de la radio professionnelle;
 
b) enseigner et orienter les méthodes de la radio scolaire;
 
c) répandre des habitudes d'écoute judicieuses;
 
d) apprendre à organiser de meilleures émissions éducatives;
 
e) stimuler la recherche expérimentale dans le domaine des émissions, ou à titre d'objectif final comme à l'Atelier de l'université de Syracuse;
 
f) stimuler l'intérêt envers les émissions éducatives locales afin. que ces émissions puissent éventuellement être organisées en une entreprise de radio communautaire.

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À tous ces objectifs, George Jennings, du Chicago Radio Council, ajoute : " Amener l'étudiant à comprendre la puissance de la radio actuelle comme moyen de propagande, d'éducation et de dissémination de la culture, aussi bien que comme moyen de divertissement et de publicité " (15).

46.   De façon générale, je suis d'accord avec les recommandations k et 1 de mes collègues, mais je doute que la population du Canada puisse augmenter aussi rapidement que les dépenses annuelles de Radio-Canada. Il faudra en venir à relever soit le droit de permis soit la subvention statutaire, à moins qu'on ne puisse réaliser des économies substantielles. Il serait peut-être bon d'adopter la formule australienne qui consiste à imposer un droit de permis pour tout poste récepteur au lieu d'un seul droit par maison. Sans aucun doute, dans les villes, il se trouve au moins deux postes récepteurs dans la plupart des foyers. Je ne sais avec quel succès on perçoit ce droit en Australie, mais les frais de perception augmenteraient certainement, puisque ce régime nécessiterait une inspection des maisons qui pourrait entraîner des ennuis d'ordre juridique.

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LA TÉLÉVISION

1.   La Commission canadienne de régie de la radiodiffusion et de la télévision devrait, ainsi que son nom le laisse entendre, jouer, à l'égard de la télévision, auprès de Radio-Canada et des diffuseurs privés, le rôle exposé dans la section précédente à l'égard de la radiodiffusion. L'exploitation des postes et réseaux de télévision et la production d'émissions de télévision convenables présenteront plus de difficultés que la radiodiffusion. Voilà une autre raison pour libérer Radio-Canada de ses fonctions de régie, la laissant libre de se consacrer à l'exploitation économique de son ensemble national de radiodiffusion et de télévision.

2.   L'état de la télévision change de jour en jour. La télévision en couleurs semble remise à une époque indéfinie, par suite de la décision d'un tribunal fédéral de Chicago interdisant au Columbia Broadcasting System de donner des émissions de télévision commerciale jusqu'au ler avril, afin que les parties en cause aient le temps d'en appeler à la Cour suprême des États-Unis. Il est probable que, lorsque la Cour suprême rendra une décision, tous les matériaux entrant dans la fabrication d'appareils de télévision, en couleurs ou en noir sur blanc, seront requis pour les besoins de la défense militaire. Dans l'intervalle, toutes les maisons travaillent à l'amélioration de leurs modes de télévision en couleurs de sorte qu'on ne saurait prédire ce qui se produira quand la Cour suprême fera connaître sa décision.

3.   Les frais de production des émissions, déjà très élevés, augmenteront encore, ce qui aura pour effet de restreindre l'apparition d'artistes aux émissions, et ils seront remplacés par des films ou des enregistrements au kinéscope. Lors des séances du Comité parlementaire de la radiodiffusion, l'été dernier, le président de Radio-Canada a donné l'estimation des frais que la télévision entraînera pour Radio-Canada, compte tenu de quelques heures de transmission seulement chaque jour, à Montréal et à Toronto. Voici cet état estimatif :

Pour la première année de fonctionnement $1,500,000
Pour la deuxième année 2,175,000
Pour la troisième année 2,825,000
Pour la quatrième année environ 3,000,000

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À l'heure actuelle, il existe environ 25,000 appareils récepteurs de télévision au Canada et l'on calcule que deux millions et demi de gens reçoivent les émissions américaines. Constatation inquiétante, puisque le commercialisme de la télévision américaine est même plus bruyant que celui de la radio et le niveau intellectuel en est nettement inférieur.

4.   L'abondance des divertissements sans originalité et sans goût qu'offre déjà la télévision paraît motiver l'amère prédiction de Charles A. Siepmann, selon qui la télévision, tout probablement,

« se pliera rapidement à quelques ... conventions stéréotypées. Elle sera ingénieuse et inventive mais artistiquement pauvre. Sauf en de rares occasions, on ne comprendra pas avant longtemps toutes les ressources qu'elle offre en tant que moyen d'expression » (1).

M. Seldes, qui cite Siepmann, ajoute ses propres observations sur les voies où la télévision devrait s'engager :

« Ce n'est pas pour des raisons esthétiques mais pour le simple profit que les administrateurs de la télévision devraient en rechercher les qualités primordiales... La nature essentielle de la télévision est obscurcie par le nombre apparemment illimité de réalisations qu'elle peut atteindre; ce qu'il faut, maintenant, c'est maintenir la télévision dans la voie du progrès et lui donner le temps de s'améliorer » (2)

5.   La tendance de la télévision à exploiter et exagérer l'appétit pour les spectacles sportifs est considérée comme un indice que le niveau général de ses émissions ne s'élèvera pas au-dessus des limitations de l'amateur de sports. Seldes cite, à titre de preuve, ce fait que l'auditoire d'un débit de boissons cria : «  Montrez les combats de boxe » quand la télévision transmit pour la première fois un opéra du Metropolitan. Il se demande si la télévision a l'intention de se constituer un auditoire minoritaire de masse, intéressé surtout au sport, ne visant ainsi à satisfaire qu'une passion dominante et ne touchant pas aux autres domaines où se manifestent l'intérêt et la curiosité des êtres humains, y compris les amateurs de sport (3). Il est vrai que les gens qui vont au stade sont des citoyens qui remplissent leurs devoirs ordinaires de citoyens dans le cours de la vie, mais le danger tient à ce fait qu'un moyen de grande diffusion crée sa clientèle au niveau de sa moyenne, et

« la clientèle que créera la télévision, si la télévision n'excite et ne satisfait qu'un groupe d'appétits, sera inférieure, dans l'échelle des valeurs humaines, simplement parce que cet instrument aura négligé plusieurs autres désirs naturels de l'homme et qu'il aura laissé plusieurs aptitudes humaines s'atrophier par manque d'utilisation » (4).

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6.   La plus grande crainte de Seldes naît de l'influence des illustrés populaires (comics) et de ce fait que les élèves de l'école secondaire passent maintenant à peu près autant d'heures à la télévision [sic] qu'à l'école :

«  Il n'existe actuellement aucun dispositif social satisfaisant qui force les réseaux à fournir des émissions plus utiles aux enfants, et personne ne songe à demander aux réseaux de se dispenser de diffuser à certaines heures données. D'un autre côté, les parents qui restreignent les heures de télévision de leurs enfants, les verront croître dans un monde de demi-illettrés, peut-être dans un monde dirigé par les demi-illettrés, si des millions d'autres parents n'agissent pas de même. Pour se protéger, les parents peuvent déménager vers des régions où la réception est mauvaise, mais c'est là une Ligne Maginot dangereuse parce qu'ils se croiront en sûreté et n'élaboreront pas les contrôles nécessaires » (5).

Ces commentaires de spécialistes américains indiquent les difficultés qui attendent le groupe chargé d'élaborer le programme des émissions de la télévision canadienne et le danger qu'il y aurait à imiter ou importer les émissions américaines. On ne saurait douter que, si le Canada veut éviter les nombreux pièges de la télévision, il devra explorer de nouveaux territoires, à coup de grandes difficultés et de frais considérables.

7.    La télévision peut contribuer à l'abaissement du niveau intellectuel de la collectivité; d'un autre côté, elle offre des moyens immenses pour l'amélioration de la culture et du goût de la nation. À l'heure actuelle, le poste WFIL de Philadelphie, avec l'aide des collèges des environs, conduit une expérience intéressante, sous ce titre : TV University of the Air. Jusqu'ici, les éducateurs se bornaient surtout à critiquer les réalisation ou les carences de la radio et de la télévision; on leur offre maintenant l'occasion de démontrer qu'ils peuvent se servir de ce moyen de diffusion à des fins éducatives. Vingt collèges et universités participent à l'expérience. Des éducateurs, et non des spécialistes de la télévision dirigent l'élaboration du programme et surveillent le contenu des émissions. Le premier cours est intitulé: « Chemistry of living ». D'autres cours de la première série porteront ces titres : le Gouvernement dans les diverses parties du monde, Parlons espagnol, une série populaire sur la Physique nucléaire; deux cours complémentaires sur l'Enfant et la famille et Pour comprendre les adolescents; un cours d'allure philosophique sur l'Art de penser, un cours documentaire sur l'économie domestique et l'établissement du budget familial; un groupe de conférences sur le Succès par la culture personnelle.

8.   L'émission hebdomadaire de télévision Du Mont, intitulée: The Johns Hopkins' Science Review, entre dans la même catégorie. Le directeur de cette émission a promulgué une règle très simple pour les hommes de science éminents qui sont ses vedettes. On dit aux professeurs : « Si vous

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ne pouvez montrer ce que vous voulez enseigner, n'en parlez qu'une minute ». Un des plus grands problèmes, déclare le producteur et commentateur Poole, consiste à imaginer des trucs pour que la caméra puisse montrer certains phénomènes scientifiques. Les hommes de science ne tolèrent aucun subterfuge. Ils craignent moins la caméra qu'ils ne craignent leurs propres collègues. Cette émission de John Hopkins était diffusée en 1946 du poste WAAM de Baltimore. L'émission s'appuie sur la conviction de l'Université que collèges et universités ont une fonction éducative à remplir en dehors de la salle de cours et que la télévision offre un moyen idéal de renseigner le public. On est persuadé en outre que le public a de la curiosité et, en même temps, une crainte vague à l'endroit de la science mais qu'il aimerait à savoir ce que produit l'argent consacré à la recherche. L'émission tend à démontrer « comment la recherche finit par profiter à tous ». Les éducateurs en font de grands éloges, y voyant le type même de l'émission éducative de télévision qui devrait se généraliser.

9.   À New-York, les conditions ne sont pas les mêmes qu'à Philadelphie et Baltimore. Le Comité conjoint de la télévision éducative se présentait récemment à la F.C.C. pour demander l'affectation de bandes de télévision aux fins éducatives. L'avocat du Comité rappela qu'un relevé récent des émissions télévisées en une semaine, par les sept postes de télévision de New-York, révèle que les drames policiers, les aventures des plaines de l'Ouest et les romans d'aventures palpitantes occupaient 19 p. 100 du temps de télévision, mais, en revanche qu'au cours de la période donnée, on ne diffusa qu'une émission culturelle produite par des éducateurs. Les émissions religieuses n'atteignaient au total que 1 p. 100 des spectacles de la semaine, de sorte que la télévision commerciale prenait la plus grande partie du temps disponible aux postes de New-York.

10.   Jusqu'ici, Radio-Canada a refusé d'accorder des permis de télévision à des postes privés, si ce n'est à la condition que deux postes ordinairement rivaux s'unissent à cette fin. Condition étonnante. Je ne vois pas pourquoi on ne permettrait pas aux postes privés de risquer de l'argent dans la télévision s'ils en ont le courage. Tout dernièrement, la province de Québec a décidé d'accorder à Radio-Canada la permission d'élever une tour de transmission sur le Mont-Royal, pourvu qu'elle n'exerce pas un monopole. On a d'abord conclu de cette décision qu'elle tendait à permettre aux postes privés de se servir de la montagne de Montréal à des fins de télévision, tout comme Radio-Canada. Mais on a signalé que les postes privés ne peuvent se prévaloir de cet avantage jusqu'à ce que Radio-Canada recommande la délivrance de permis de télévision à des postes privés de Montréal. Une étude faite récemment aux États-Unis par l'Association of National Advertisers démontre que, dans les grands centres, « chaque foyer qui, ayant la radio, installe la télévision, fait perdre ainsi 83 p. 100 de ses avantages, le soir, à la publicité radiophonique ». Le

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rapport prétend que « la télévision met, pour ainsi dire, fin à l'écoute radiophonique dans les foyers ayant la radio ». On voit par là pourquoi les postes privés ont un si grand désir d'obtenir des permis de télévision immédiatement. Ils craignent que, si Radio-Canada entreprent [sic] la télévision avant qu'ils en aient le droit, la télévision ne leur enlève la plus grande partie de leur auditoire du soir, leur faisant perdre ainsi une partie de la publicité la plus lucrative. Il en est à Toronto comme à Montréal, et dans toute autre ville où Radio-Canada devancera ses concurrents, en commençant à téléviser des mois avant l'octroi de permis de télévision à des postes privés.

11.   Au début, l'argent nécessaire à l'entreprise de télévision de Radio-Canada devra venir de crédits parlementaires. Plus tard, quand la télévision aura fonctionné pendant quelque temps et qu'elle offrira des émissions satisfaisantes, il pourrait être bon d'exiger un droit de permis. Le Bureau des gouverneurs de Radio-Canada a proposé dix dollars par année par récepteur de télévision, mais ce droit ne représentera qu'une partie des frais, à moins que le rayonnement de la télévision ne s'étende à un territoire plus considérable et à moins que le nombre des récepteurs de télévision n'augmente énormément. Il faut s'attendre que, dans un avenir rapproché, les récepteurs seront fabriqués à la fois pour la radio et la télévision, de sorte qu'il faudrait étudier en conséquence le montant du droit.

12.    Mes collègues recommandent:

« Que toute la question de la télévision au Canada soit étudiée de nouveau, par un organisme d'enquête indépendant, au plus tard trois ans après le début des émissions régulières de télévision au Canada ».

La question de la télévision a une telle importance qu'elle mérite une étude approfondie avant que Radio-Canada n'entreprenne des émissions en ce domaine. Si la loi canadienne de la radiodiffusion était modifiée dans le sens que je propose, la nouvelle Commission de réglementation pourrait collaborer immédiatement avec Radio-Canada afin d'élaborer, en matière de télévision, un programme bien conçu et conforme aux circonstances particulières à notre pays.

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L'OFFICE NATIONAL DU FILM

1.   Au paragraphe 18 du chapitre XIX, mes collègues parlent des vastes pouvoirs que la loi nationale du film (1950) confère au Commissaire du gouvernement à la cinématographie. Ils signalent que cette loi :

« peut aboutir, en pratique, à investir le Commissaire de la maîtrise de fait et à ne laisser à l'Office du film qu'une autorité des plus réduites ».

Cette crainte est sûrement motivée parce que les institutions démocratiques ne peuvent fonctionner convenablement que grâce à un mode bien agencé de poids et contrepoids. Les dispositions actuelles ne fournissent pas les contrepoids. La tendance naturelle de tout directeur d'un organisme d'État est d'accroître l'importance de son service. Sans doute, les membres de l'Office national du film, à cause de l'intérêt qu'ils ont dans la production de films, proposeront une plus grande variété de films, afin de souligner l'expansion de leur activité. Je recommande, en conséquence, que, comme dans le cas du Bureau des gouverneurs de Radio-Canada, deux ou trois membres soient nommés à l'Office national du film à titre de modérateurs, chargés d'examiner objectivement tous les projets d'expansion, afin de protéger les contribuables contre l'enthousiasme des membres de l'Office dont les préoccupations sont d'ordre exclusivement artistique.

2.   Le Rapport de J. D. Woods et Gordon renferme des propositions pertinentes, en particulier quant à la question des méthodes d'établissement des frais encourus par l'Office. On y parle de l'opportunité d'indiquer clairement toutes les dépenses. Ce point de vue s'accorde avec la recommandation faite au Parlement, il y a un an, par l'auditeur général, M. Watson Sellar, d'après laquelle tous les rapports présentés par les ministères ou organismes de l'État devraient indiquer, avec netteté, pour chaque année financière, le total des recettes et des dépenses, afin de donner au Parlement et à la population une idée exacte des frais d'exploitation et d'entretien de chaque service ou organisme.

3.   Le Rapport Woods et Gordon ne renferme aucun commentaire au sujet de l'efficacité ou de l'inefficacité de l'exploitation de l'Office national du film. Les auteurs considéraient sans doute que l'Office est tellement entravé dans ses mouvements (du fait que ses opérations, dirigées, à partir d'un bâtiment central mal aménagé, sont dispersées entre neuf autres édifices) qu'il ne serait pas équitable d'en critiquer le fonctionnement.

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Pour ma part, je crois que, même lorsque l'Office déménagera dans un bâtiment convenable, ses frais réels dépasseront ceux des producteurs privés.

4.   Mes collègues recommandent

« Que l'Office national du film continue à confier à des producteurs privés le soin de tourner des films, chaque fois que l'intérêt public l'exige ».

Mais je voudrais être sûr que les producteurs privés obtiendront une part raisonnable du travail de l'Office national du film. Le Rapport de l'imprimerie nationale, pour l'année financière terminée le 31 mars 1949, indique ainsi les opérations de l'année dans le service des impressions:

Travaux exécutés à l'Imprimerie
Impressions, reliure, etc. $2,005,619.31
Papier 1,935,047.80
  ______________
  $3,940,667.11
Travaux confiés à l'extérieur, à l'exclusion  
du papier 3,060,214.74
  _____________
TOTAL $7,000,881.85

On voit par là que, sur un total de $5,065,834.05, à l'exclusion du papier, environ 60 p. 100 des travaux ont été confiés à des imprimeries privées. Je recommande, en conséquence, que l'Office national du film soit requis de confier chaque année, à des producteurs de films ou des photographes privés, des travaux d'une valeur équivalant à la moitié de ses opérations annuelles ou à la moitié de la valeur de sa production annuelle de films ou de photographies.

ARTHUR SURVEYER

[page 472 blanche]

*Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé.

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