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Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada
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CHAPITRE XIX*

L'OFFICE NATIONAL DU FILM

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COMME nous l'avons vu dans la première partie de notre Rapport, l'Office national du film fut créé, en 1939, en vue de coordonner les initiatives gouvernementales dans le domaine du cinéma, de conseiller les divers ministères pour la production et la distribution des films et d'agir en qualité d'intermédiaire entre ces ministères et le Bureau du cinématographe officiel. L'Office comprenait alors sept membres: le ministre du Commerce présidait, assisté de trois hauts fonctionnaires et de trois citoyens considérés comme représentants de la nation. À cause de la guerre, l'Office national du film devint l'objet d'une vaste expansion; il engloba le Bureau du cinématographe officiel, dont il hérita les fonctions de production et de distribution. Après une période d'accroissement rapide, le budget de l'Office du film fut soumis en 1946 à des coupures rigoureuses, et l'on se demanda quelle place cet organisme devrait occuper à l'avenir dans le cadre de notre vie nationale.

2.   Il fut décidé, en 1949, que l'Office national du film serait porté sur la liste des organismes de l'État au sujet desquels notre Commission royale devait présenter des recommandations. Sur l'initiative conjuguée du ministre des Ressources et du Développement économique et de notre Commission, la société J. D. Woods et Gordon, de Toronto (experts en matière d'administration), fut chargée de préparer un rapport portant sur l'organisation et l'administration de l'Office national du film. Ce rapport, rédigé avec grand soin et qui a reçu une certaine mesure d'application pratique grâce à la loi de 1950 sur le film, nous décharge du devoir de passer en revue les détails d'ordre purement administratif et nous permet de nous consacrer entièrement aux matières d'importance principale: au rôle véritable de l'Office du film et aux modalités possibles d'une contribution utile de cet organisme au progrès du pays.

3.   La loi de 1950 sur le film relève les ministres de la Couronne de toute participation directe aux délibérations de l'Office national du film et augmente le nombre de ceux de ses membres qui ne sont pas fonctionnaires. L'Office a aujourd'hui pour président le Commissaire à la cinématographie; sur ses huit autres membres, trois sont fonctionnaires et cinq

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de simples citoyens représentant les différentes régions du pays. Le Commissaire à la cinématographie est l'administrateur en chef de l'Office, qui fonctionne toujours sous l'autorité et la conduite d'un ministre. Aux termes généraux de la loi de 1950, l'Office a pour fonctions:

« d'entreprendre en premier lieu et de favoriser la production et la distribution de films dans l'intérêt national, et notamment ... produire et distribuer des films destinés à faire connaître et comprendre le Canada aux Canadiens et aux autres nations ... et ... faire des recherches sur les activités en matière de film et en mettre les résultats à la disposition des personnes adonnées à la production de films ... »(1).

4.   Nous estimons que notre devoir est de faire un rapport sur les fonctions ainsi définies et de présenter des conclusions sur l'interprétation qu'il convient de leur donner en regard de notre vie culturelle. Comme nous l'avons indiqué dans la première partie du présent Rapport, nous tenons de sources nombreuses et diverses la preuve indiscutable que, en général, l'Office du film remplit son rôle de manière satisfaisante pour l'opinion. Plus d'une centaine de sociétés bénévoles nous ont fait connaître leur sentiment sur l'Office du film. Bon nombre d'entre elles nous ont soumis des idées utiles et des critiques, parfois sévères, mais toujours d'ordre pratique. Cependant, de l'avis général, il faut que l'Office étende son activité actuelle dans les domaines de la distribution, de la production, de l'acquisition et de l'évaluation des films, ainsi que dans le domaine de la recherche et de la production expérimentale. C'est à bon droit que l'on considère ces fonctions comme essentielles à l'information du public, en temps de paix aussi bien qu'en temps de guerre. Il faut tout particulièrement que l'Office du film sache mettre à profit, croyons-nous, les périodes de trêve qui nous sont accordées, pour approfondir son expérience, afin qu'il puisse, en toutes circonstances, exercer ses fonctions avec l'efficacité, la modération et le bon sens qui conviennent dans une société démocratique. En fait, deux facteurs ont éveillé l'intérêt du public pour l’œuvre de l'Office du film et lui ont appris à l'estimer davantage. En premier lieu, l'Office a su rendre populaires dans tout le pays, mais surtout dans nos campagnes, les films documentaires ou éducatifs. De plus, dans une nation submergée par les films étrangers, l'Office a révélé tout le champ d'action immense et inexploré du film produit au Canada, décrivant nos particularismes de vie et les faits et gestes des Canadiens. L'enthousiasme que ces films suscitent à l'étranger nous remplit tous d'une légitime fierté.

LA DISTRIBUTION

5.   Une réussite éclatante qui s'inscrit à l'actif de l'Office du film est la circulation de films documentaires d'une extrémité du pays à l'autre. Dans la première partie du Rapport, nous avons donné un aperçu de la nature du service qui en est chargé, de sa désorganisation partielle après la guerre

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et de l'esprit d'initiative dont firent montre ses employés qui surent obtenir la collaboration empressée de sociétés bénévoles et de nombreuses personnalités privées. Comme nous l'avons dit plus haut, le service de distribution se fondant essentiellement sur la collaboration volontaire de personnes de l'extérieur, il faut s'efforcer de n'en pas entraver la souplesse et lui permettre de s'étendre dans la direction la plus favorable à l'intérêt public. Sa valeur ne peut être mise en doute, bien que d'aucuns estiment qu'il devrait être entièrement abandonné à l'initiative privée. Nous ne saurions partager cet avis; nous sommes persuadés, en effet, que l'initiative privée ne saurait fournir l'effort nécessaire en ce domaine, surtout dans les régions rurales ou éloignées des grands centres. Aujourd'hui, deux causes entravent l'efficacité du service dont nous nous occupons ici. L'une est le cadre restreint du personnel itinérant, dont chaque membre doit répondre d'un territoire trop vaste. L'autre est le nombre limité d'exemplaires des bandes cinématographiques disponibles; c'est un contretemps fâcheux, pour ceux qui attendent un film pendant des mois ou des années, d'être exposés à ne recevoir en fin de compte qu'un ruban déchiqueté et sali par ce qu'on peut appeler de longs et loyaux services.

6.   L'opinion réclame à bon droit et d'une façon générale un service de distribution desservant convenablement les circuits cinématographiques ruraux, les conseils du film et tous les organismes bénévoles intéressés. Il semble bien qu'il faille étendre les services de distribution de l'Office national du film, en liaison avec les collaborateurs bénévoles, dans des zones telles que les Territoires du Nord-Ouest et certaines parties de Terre-Neuve où toutes les possibilités de distribution n'ont pas été épuisées. Nous avons, en outre, entendu les regrets exprimés par des centres urbains, au sujet de la médiocrité de la réclame entourant les films documentaires qui sont montrés dans les villes, ainsi que les plaintes de ceux à qui on n'a pas fourni l'occasion de les voir, malgré tout le désir qu'ils en avaient.

En conséquence nous recommandons :

a) Qu'on accorde à l'Office national du film des fonds suffisants pour l'accroissement nécessaire de son personnel itinérant ainsi que de ses services de distribution et que, comme c'est la pratique actuellement, l'Office continue à encourager, stimuler et appuyer l’effort bénévole.
 
b) Qu'on rende accessibles à tous les intéressés, dans les délais raisonnables, les exemplaires des films que distribue l'Office et qu'on les produise en nombre suffisant pour satisfaire à la demande des centres urbains et des régions rurales.
 
c) Que l'Office national du film prenne des mesures appropriées en vue d'accroître la distribution des films documentaires de 35mm, par l'intermédiaire des sociétés commerciales qui sont déjà en opération dans les centres urbains, et qu'il envisage la création de nouveaux débouchés dans les régions isolées et de population clairsemée.

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L'ESTIMATION ET L'ACQUISITION

7.   Nombre de groupements et de particuliers s'intéressant aux films documentaires nous ont exposé leurs idées quant à la nécessité de créer deux services nouveaux en liaison étroite avec la distribution des films. L'un veillerait à la fondation d'une collection nationale de films qui constituerait un fond d'archives historiques et qui serait en même temps une aide précieuse pour tout ce qui ce touche à l'art et à la technique du film. Le second service prévu comprendrait en réalité un groupe de services, fournissant, sur demande, les films correspondant aux intérêts et aux besoins les plus variés. Tous les pays occidentaux tournent aujourd'hui des films dont beaucoup ont une valeur et un intérêt de premier ordre pour l'Univers occidental. Si ces films étaient à la portée des Canadiens, nos propres producteurs se sentiraient libres de consacrer leur temps et leur énergie aux films purement canadiens qu'ils sont seuls capables de produire. Mais pour en arriver là, et pour être en mesure d'approvisionner tous les marchés en films canadiens, il faut d'abord que soient remplies trois conditions: l'établissement de catalogues complets et de listes classifiées de tous les films documentaires, canadiens ou étrangers; la création d'un service d'estimation capable de juger de la valeur des films et de se prononcer sur leur utilité dans chaque cas donné; la fondation d'un service qui aurait les moyens nécessaires à l'acquisition aisée et rapide de films canadiens ou étrangers. Bref, pour que la distribution de films documentaires se fasse de manière satisfaisante, il nous faut des organismes qui pourraient rendre des services semblables à ceux que fournissent, dans le domaine du livre, les bibliothèques, les librairies et les rubriques de recension des livres.

8.   Nous ne pensons pas que des services de ce genre doivent dépendre entièrement de l'Office national du film. Nous avons examiné avec intérêt les travaux de la Société nationale du film, des Conseils du film et d'autres organismes bénévoles, nationaux ou locaux, travaillant de concert avec l'Office et avec son aide. Au printemps de 1950, ces organismes se sont fondus pour former l'Institut canadien du film, dont l'un des buts est d'offrir une aide efficace pour l'estimation et l'achat de films. Il nous semble évident, toutefois, qu'un organisme purement bénévole ne pourra rendre ces services sans l'aide directe ou indirecte de l'État.

En conséquence nous recommandons :

d) Que l'Office national du film soit chargé d’établir une collection nationale de films; que l'on ne considère pas seulement cette collection comme un recueil de pièces relevant de l'art et de la technique photographiques; qu'on veille, aussi, à ce qu'elle devienne un fond d'archives historiques se rapportant aux événements d'importance nationale.
 
e) Que l'Office national du film prenne toutes les mesures nécessaires à la création de services d'information, d'estimation, de prêt et d'achat, et qu'il s'assure, à ces fins, de la collaboration étroite des organismes bénévoles compétents.

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LA PRODUCTION

9.   Nous avons dit qu'à nos yeux l'introduction au Canada de films documentaires étrangers se motivait par ce fait qu'un tel apport permettrait aux Canadiens de se consacrer davantage à la production de films répondant plus particulièrement aux besoins du pays, comme ceux qui dépeignent la vie du Canada ou l'art canadien. Nul ne met en doute l'importance du cinéma, en temps de guerre, pour distribuer les informations et pour soutenir le moral. Dans la première partie, nous avons signalé l'avis de certains groupements qui estiment que le cinéma présente une utilité tout aussi grande en temps de paix. Dans un pays démocratique, c'est, en effet, la conviction éclairée des citoyens qui forme la clef de voûte de l'effort de la nation en temps de guerre et le principe de cohésion du pays en période de paix. Nul gouvernement démocratique ne peut donc se permettre de négliger un organe d'information possédant la portée et le pouvoir de persuasion du cinéma. Le droit d'un gouvernement de produire et de distribuer des films d'intérêt national est aussi évident que son droit de publier des livres blancs ou bleus.

10.   Les groupements d'affaires ne contestent pas le droit de l'État d'utiliser des films. Mais, comme nous l'avons noté dans la première partie, ils expriment des doutes sur la compétence du Service de production de l'Office national du film. D'après eux, l'Office devrait se borner à donner des avis sur les initiatives cinématographiques gouvernementales et à les coordonner. La production proprement dite de tous les films gouvernementaux devrait être confiée à des producteurs privés, désignés par l'Office national du film et travaillant sous sa surveillance. Les films commerciaux devraient être laissés entièrement au secteur privé. C'est pour des raisons semblables que ces groupements s'opposent à ce que le Gouvernement empiète sur le domaine des photos fixes; on soutient qu'un organisme subventionné par l'État ne doit pas concurrencer les sociétés privées, ni dans le domaine du film ni dans celui des vues photographiques fixes.

11.   Nous ne saurions nous ranger à ce point de vue; et nous appuyons pleinement la politique qui reconnaît à l'Office du film le droit de produire des films et des photos et cela pour deux raisons. En premier lieu, la production de films ne relève pas uniquement de la technique, mais c'est aussi une activité de création artistique. Il serait vain de s'attendre que la production des films puisse suivre, d'une façon servile, de minutieuses stipulations préalables. Le peintre en bâtiments acceptera sans doute de couvrir les murs d'une couleur que d'autres auront choisie mais l'artiste a le privilège de peindre son tableau comme il l'entend et de résoudre lui-même les problèmes que lui pose son inspiration. Nous ne pousserons pas plus loin une analogie qui n'est cependant pas sans justesse. Pour être capable de conseiller, de coordonner et de distribuer des films, utilement et

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en connaissance de cause, l'Office national du film doit d'abord en produire lui-même. Cela seul peut lui faire prendre conscience des problèmes que posent le film documentaire et ses possibilités. Il convient de se souvenir, à ce sujet, que le Conseil national de recherches (dont les travaux de recherches présentent un intérêt vital pour la nation) joua à l'origine le rôle d'un organisme de coordination et de subvention.

12.   Cette première raison nous paraît suffisante à motiver la production de films par l'Office national. Mais notre opinion sur ce point se fonde sur un autre motif encore; comme nous l'avons vu dans la première partie, il est douteux que les producteurs privés en existence soient en mesure de répondre à la demande croissante de films documentaires couvrant un nombre très vaste de sujets et destinés aux usages les plus divers. Nous avons appris qu'il se trouve au Canada 20 sociétés cinématographiques commerciales; mais quelques-unes seulement sont outillées pour produire des films documentaires acceptables. Plusieurs de ces sociétés doivent même recourir aux ressources fournies par les laboratoires de l'Office national du film. Nous pensons, certes, que la production cinématographique des entreprises privées doit être encouragée si nous voulons fournir au public une information libre et étendue et si nous voulons pousser à la production non seulement des documentaires mais des films de tout genre. L'Office national du film a, de fait, donné une impulsion considérable au secteur privé; ses services de distribution efficaces et l'ingéniosité qui inspire certaines de ses productions, ont créé, chez nous, une demande toujours croissante pour les films documentaires, que les producteurs privés réclament aujourd'hui comme leur apanage exclusif. Mais nous restons convaincus que l'intérêt public réclame la production de films aussi bien par l'État que par l'industrie privée.

13.   Nous souscrivons sans réserve à la ligne de conduite suivie par l'Office national du film, en tant qu'il se refuse à la production, en termes commerciaux, de films pour des sociétés privées ou des particuliers; nous estimons que cette attitude devrait être définie clairement et mise strictement en pratique.

En conséquence nous recommandons :

f) Que l'Office national du film continue à exercer ses fonctions, ainsi que les définit la loi sur le film, et qu'il poursuive la production de films documentaires, conformes à l'intérêt public.
 
g) Que l'Office national du film continue à confier à des producteurs privés le soin de tourner des films chaque fois que l'intérêt public l'exige; qu'il poursuive et augmente ses efforts de collaboration avec les producteurs privés et qu'il encourage comme par le passé la production privée de films au Canada.
 
h) Que l'Office national du film se refuse à produire des films pour des particuliers ou des sociétés privées.

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i) Que l'Office national du film continue à prendre des vues photographiques fixes quand il est de l'intérêt public de le faire; et que ces vues soient tenues à la disposition du public.

LA RECHERCHE ET L'EXPÉRIMENTATION

14.   Les exigences que posera sous peu, au Canada, le développement de la télévision, rendent d'autant plus évident le besoin de moyens de recherche et d'expérimentation. Nous ne prétendons pas que les producteurs privés soient incapables de mener à bien des expériences de ce genre; ils ont bien voulu nous montrer d'excellents films qui étaient leur ouvrage. Il n'en reste pas moins vrai qu'à l'heure actuelle l'Office national du film est le seul organisme possédant l'outillage et les ressources indispensables à des recherches et des expériences approfondies. Ses travaux expérimentaux ont reçu des éloges chaleureux, chez nous comme à l'étranger. Ces travaux doivent être poursuivis, et c'est là une des raisons qui nous poussent à souhaiter que l'Office national du film n'interrompe pas sa production.

15.   Nous partageons le plaisir que procure aux Canadiens la perfection technique qui marque nombre de films réalisés par les soins de l’Office national du film, notamment certaines fantaisies auxquelles on a donné la forme de dessins animés. Qu'il nous soit permis toutefois d'accorder plus d'attention aux films éducatifs et documentaires, d'inspiration plus prosaïque, peut-être, mais d'une importance plus considérable. Il est possible que nous ayons, jusqu'à présent, été trop indifférents chez nous aux films qui s'efforcent de nous instruire, moins par des effets pittoresques ou dramatiques, que par la présentation logique et cohérente d'une série de faits. C'est un travail ardu de choisir un sujet et le matériel technique nécessaire et de procéder aux préparatifs requis; ce travail exige la collaboration étroite et la compréhension réciproque des spécialistes du sujet traité et des personnes chargées de la production artistique et technique proprement dite. Seule l'alliance du savoir et de l'art peut faire rendre à cette méthode d'instruction tout ce qu'elle est capable de donner et lui permettre de remplir son rôle dans notre vie intellectuelle. Dans ces films, dont l'objet est de communiquer des renseignements de façon claire et frappante avec précision et objectivité, c'est le sujet lui-même qui doit déterminer la forme d'expression; la grandiloquence et l'effet facile n'y sont pas de mise.

16.   On a attiré notre attention sur le problème posé par ces films éducatifs; il n'est pas inconnu de l'Office national du film, qui a produit des bandes de ce genre avec un certain succès. Nous sommes prêts à louer sans réserve quelques-uns de ces films et l'intention qu'on a eue en produisant tous les autres. Nous croyons cependant qu'on ouvrirait la voie à un progrès considérable si l'Office du film consentait parfois à choisir, ne fût-ce qu'un petit nombre de ses employés, non pour leurs connaissances

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ou leur habileté d'ordre technique, mais à cause de leur formation intellectuelle, de leur intelligence, de leur imagination et de l'enthousiasme qu'ils pourraient manifester envers l'expansion de ce nouveau moyen d'information et d'éducation. Ces employés auraient pour mission de veiller au traitement des sujets de films, tandis que les producteurs en assureraient l'exécution technique. Les avis offerts, à l'occasion, par des spécialistes, ne sauraient suffire.

En conséquence nous recommandons :

j) Que l'Office national du film poursuive et étende ses travaux de recherches expérimentales dans la production de films documentaires, plus particulièrement de films destinés à l'information et à l'instruction.

LES FILMS DE LANGUE FRANÇAISE

17.   On nous a rapporté que les Canadiens de langue française (moins bien pourvus que leurs compatriotes de langue anglaise qui peuvent aisément ajouter, aux films parlés anglais de l'Office, des films importés des États-Unis), voudraient avoir des documentaires plus nombreux et de meilleure qualité. On nous a également donné à entendre que les bandes que l'Office national du film consacre au Canada de langue française insistent trop parfois sur l'aspect qui lui reste de son passé, comparativement à ce qu'elles présentent de son visage actuel.

En conséquence nous recommandons :

k) Qu'on porte une attention particulière à la production de films destinés spécialement aux Canadiens de langue française.
 
l) Qu'on fasse tous les efforts nécessaires pour faciliter l'estimation et l'acquisition de films documentaires en langue française, de provenance non canadienne.

LE RÔLE DE L'OFFICE NATIONAL DU FILM

18.   La loi de 1950 sur le film munit de pouvoirs étendus le Commissaire à la cinématographie de l'État, pouvoirs destinés à lui permettre d'assurer une administration compétente en lui en facilitant les moyens. Il ne nous échappe pas qu'il est essentiel d'administrer l'Office national du film avec méthode, ponctualité et prévoyance. Mais puisqu'il est nettement de notre devoir de signaler les lacunes de la vie intellectuelle et culturelle des Canadiens et de nous efforcer d'élaborer un plan qui veillerait à leurs besoins dans cet ordre de choses, nous estimons à propos de faire remarquer que ces dispositions de la loi peuvent aboutir, en pratique, à investir le Commissaire d'un contrôle presque absolu et à ne laisser aux membres de l'Office qu'une autorité trop réduite. Nous ne sommes pas sûrs que l'augmentation du nombre des membres non fonctionnaires suffise à prévenir ce péril, pour éloigné qu'il puisse sembler

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maintenant. L'efficacité de l'Office national du film restera limitée, à moins que ceux de ses membres qui représentent le peuple canadien ne puissent exposer, clairement et en connaissance de cause, les besoins et les intérêts de leurs concitoyens en matière de films documentaires. Ces membres ont de graves responsabilités vis-à-vis du public; nous espérons vivement que le ministre et le Commissaire à la cinématographie prêteront, à leurs opinions, une oreille bienveillante et attentive.

LOCAUX DE L'OFFICE NATIONAL DU FILM

19.   Nous avons pu constater avec anxiété que les locaux occupés par l'Office national du film sont dispersés, encombrés, incommodes et insalubres. En vue d'un rendement moins onéreux et de qualité meilleure, et en toute justice envers les employés, il convient de remédier au plus tôt à cette situation déplorable.

En conséquence nous recommandons :

m) Que des locaux salubres et bien aménagés soient mis, dans le plus bref délai, à la disposition de l'Office national du film.

[ p. 366 blanche ]

*Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé.

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